samedi 2 décembre 2017

La résine dammar #1




Résine dammar réduite en morceaux à l'atelier



Préambule

La formule de base connue de tous les artistes peignant à l’encaustique et inchangée depuis plus de deux mille ans se compose de trois éléments : de la cire, des pigments et de la résine.
Depuis que j’ai débuté l'encaustique toute une série de questions m’animent et me font avancer. Et l’une d’elle me préoccupe, m’obsède devrais-je dire !, particulièrement depuis plusieurs mois : pourquoi utilise-t-on la résine dammar dans la peinture à l’encaustique ?
Donc comme promis dans l'article consacré aux Cires voici une série d’articles tant sur le plan historique, physico-chimique ou pratique sur l’une des composantes majeures de cette formule utilisée à l’heure actuelle : la résine dammar.
Cet ensemble consacré à la résine dammar comporte trois parties. En voici la première :

La résine dammar #1 : terminologie et origine géographique

Concernant la terminologie, les termes « damar » ou « dammar » sont employés tous les deux; "Dammar" aura une préférence anglo-saxonne alors que "Damar" sera plus employé dans la langue de Molière. Ce nom d’origine malaisienne désigne la résine dure extraite à partir des arbres de la famille des Dipterocarpaceae qui sont une importante source de résines.
Le terme damar ou dammar résulte d’une confusion linguistique car ce terme utilisé dans la littérature ancienne désignait l’ensemble des résines asiatiques, sans distinction d’origine botanique. Puis le terme dammar a été conservé en langue anglaise avec le commerce et l’importation de ces résines en Grande-Bretagne.
Dans le commerce, en magasin ou sur Internet, vous trouverez les dénominations de résine dammar ou gomme dammar à ne pas confondre avec le vernis dammar dont l’utilisation est déconseillée dans la peinture à l’encaustique (cela sera détaillé dans la troisième partie). La plus grande partie de la résine dammar que nous utilisons provient d’Indonésie.

exemple de résine damar ou dammar commercialisée


La résine dammar se présente sous forme de bloc de 1 à 2 cm 


Dans la famille des Dipterocarpaceae, les espèces Shorea et Hopea produisent une résine de très bonne qualité mais on distingue plusieurs type de résine damar suivant les espèces d’arbres. Plus d’une dizaine de résines dammar sont recensées en fonction des espèces d’arbres. Un arbre produit généralement 50kg de résine par an.

arbre Shorea

Une autre partie de la résine de cette famille d’arbres est liquide et contient des huiles essentielles ou oléorésine. L’autre partie qui nous intéresse est dure et cassante : c’est la résine dammar.
Pour permettre l’écoulement de la résine on creuse des trous de 10cm de large et 15cm de profondeur au niveau du tronc d’arbre. Cela s’effectue lorsque l’arbre a 20 ans et peut se prolonger pendant 10 ans. Les blocs de résine obtenus sont d’une couleur jaune pâle presque opaque.
Localement la résine dammar est employée dans diverses préparations que ce soit pour des cérémonies religieuses, la fabrication de bougies, l’artisanat ou l’isolation des bateaux. En Inde elle est associée à de la cire d’abeille et de l’ocre rouge pour la fixation de têtes de flèches par des population tribales. On lui reconnaît également des propriétés thérapeutiques.

Peut-être est-ce une de ces vertus qui m’a poussé à pratiquer l’encaustique et à prendre plaisir à vous faire partager sur ce blog l’ensemble des découvertes que je fais au fil des mois et des années. Que ce plaisir soit partagé et se partage. 

Ainsi s’achève cette première partie d'introduction sur la résine dammar. D’autres suivront au cours de l'année 2018 à venir.

Merci de votre visite et joyeuse fin d'année créative à tous,



Source utilisée pour la rédaction de cet article 

AKSAMIJA, Amra : Etude chimique des matériaux résineux : Oliban, Dammar et Mastic. Application à des prélèvements artistiques et archéologiques, Thèse de Doctorat en Chimie, Université d’Avignon, 2012 (archives ouvertes)