lundi 1 mai 2017

Victor Brauner, dessin à la cire sur la Durance

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En août 1942 alors qu’il est réfugié avec sa compagne Jacqueline Abraham et le sculpteur Michel Herz, cousin de Jacqueline, aux Celliers de Rousset dans les Hautes-Alpes, Victor Brauner développe une technique tout à fait particulière et personnelle de dessin à la cire en utilisant des bougies. 

C’est lors de ses promenades le long de la Durance que l’artiste découvre des pierres aux lignes blanches incrustées sur un fond gris ardoise. Il décide alors d’utiliser la cire des bougies pour reproduire sur papier cette impression visuelle.

L'artiste détaille ainsi sa technique (présentation de Victor Brauner dans un livret pédagogique du Musée de Saint Etienne , provenant d'un article des Cahiers d'Art de 1945-1946 que l'on trouve sur ce blog ) :

« Procédé : Sur une feuille de papier blanc, on frotte librement et avec force la cire d’une bougie, on passe ensuite sur toute cette étendue, une couche d’encre de chine délayée dans l’eau. Une fois le liquide séché, on gratte légèrement, avec un objet pointu, le dessin que l’on désire obtenir. On passe de nouveau sur toute la surface, le mélange d’encre de chine et d’eau ; on attende que tout soit sec, et on gratte cette fois ci au moyen d’un couteau, de manière à enlever toute la cire. Il reste un dessin d’une qualité originale et inconnue… »

Bref, une technique originale de gravure dans la cire où la matrice et le support imprimé se confondent. Un "monotype gravé" pourrait-on dire. La couche de cire utilisée est semblable au vernis mou utilisé dans la gravure à l'eau forte.

En voici un exemple:




Sur les traces de Victor Brauner j’ai ensuite expérimenté moi-même cette technique à l’atelier.
J’ai parfois gravé directement mon dessin dans la cire, sans passer la première couche d'encre de chine dont parle le peintre, laissant libre cours au hasard du trait pour rester dans l’esprit Surréaliste. J’ai pu ainsi voir apparaître les formes sur le papier une fois la couche d’encre et de cire retirée.

Voici quelques détails de mise en oeuvre :


Après avoir gravé mon dessin dans la cire (ici avec une pointe à tracer), je recouvre la feuille d'encre de chine légèrement diluée. La feuille est scotchée sur un support, ici du carton, afin que le papier soit maintenu lorsque je gratte la couche de cire.

Voici la première épreuve avec lignes et traits gravés au hasard :



Puis ici de façon un peu plus précise dans un style Surf Art (c’était au retour des vacances…)



Et enfin en reproduisant dans la cire des ramifications nerveuses ou artérielles inspirées par les travaux des anatomistes et céroplasticiens du XVIII ème. :




Le résultat est proche de la gravure avec la possibilité de « modeler » son dessin au fur et à mesure que l’on retire la couche de cire/encre de chine en jouant sur les zones d’ombres et de clarté. L'image est bien sûr non reproductible, à l'inverse de la gravure, et donc plus proche du monotype. 

En conclusion, une technique à développer et à approfondir.
A vous de tester cette technique !

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