Préambule
La
formule de base connue de tous les artistes peignant à l’encaustique et
inchangée depuis plus de deux mille ans se compose de trois éléments : de
la cire, des pigments et de la résine.
Depuis
que j’ai débuté l'encaustique toute une série de questions
m’animent et me font avancer. Et l’une d’elle me préoccupe, m’obsède
devrais-je dire !, particulièrement depuis plusieurs mois : pourquoi
utilise-t-on la résine dammar dans la peinture à l’encaustique ?
Donc
comme promis dans l'article consacré aux Cires voici une série
d’articles tant sur le plan historique, physico-chimique ou pratique sur l’une
des composantes majeures de cette formule utilisée à l’heure actuelle : la
résine dammar.
Cet
ensemble consacré à la résine dammar comporte trois parties. En voici la
première :
La résine dammar #1 : terminologie
et origine géographique
Concernant
la terminologie, les termes « damar » ou « dammar » sont
employés tous les deux; "Dammar" aura une préférence anglo-saxonne alors que "Damar" sera plus employé dans la langue de Molière. Ce nom d’origine malaisienne désigne la résine dure
extraite à partir des arbres de la famille des Dipterocarpaceae qui sont une
importante source de résines.
Le
terme damar ou dammar résulte d’une confusion linguistique car ce terme utilisé
dans la littérature ancienne désignait l’ensemble des résines asiatiques, sans
distinction d’origine botanique. Puis le terme dammar a été conservé en langue
anglaise avec le commerce et l’importation de ces résines en Grande-Bretagne.
Dans
le commerce, en magasin ou sur Internet, vous trouverez les dénominations de résine dammar ou gomme dammar à
ne pas confondre avec le vernis dammar dont l’utilisation est déconseillée dans
la peinture à l’encaustique (cela sera détaillé dans la troisième partie). La
plus grande partie de la résine dammar que nous utilisons provient d’Indonésie.
Dans
la famille des Dipterocarpaceae, les espèces Shorea
et Hopea produisent une résine de
très bonne qualité mais on distingue plusieurs type de résine damar suivant les
espèces d’arbres. Plus d’une dizaine de résines dammar sont recensées en
fonction des espèces d’arbres. Un arbre produit généralement 50kg de résine par
an.
Une
autre partie de la résine de cette famille d’arbres est liquide et contient des
huiles essentielles ou oléorésine. L’autre partie qui nous intéresse est dure
et cassante : c’est la résine dammar.
Pour
permettre l’écoulement de la résine on creuse des trous de 10cm de large et
15cm de profondeur au niveau du tronc d’arbre. Cela s’effectue lorsque l’arbre
a 20 ans et peut se prolonger pendant 10 ans. Les blocs de résine obtenus sont d’une
couleur jaune pâle presque opaque.
Localement
la résine dammar est employée dans diverses préparations que ce soit pour des
cérémonies religieuses, la fabrication de bougies, l’artisanat ou l’isolation
des bateaux. En Inde elle est associée à de la cire d’abeille et de l’ocre
rouge pour la fixation de têtes de flèches par des population tribales. On lui reconnaît également des propriétés thérapeutiques.
Peut-être
est-ce une de ces vertus qui m’a poussé à pratiquer l’encaustique et à prendre
plaisir à vous faire partager sur ce blog l’ensemble des découvertes que je
fais au fil des mois et des années. Que ce plaisir soit partagé et se partage.
Ainsi
s’achève cette première partie d'introduction sur la résine dammar. D’autres suivront
au cours de l'année 2018 à venir.
Merci
de votre visite et joyeuse fin d'année créative à tous,
Source
utilisée pour la rédaction de cet article
AKSAMIJA,
Amra : Etude chimique des matériaux
résineux : Oliban, Dammar et Mastic. Application à des prélèvements
artistiques et archéologiques, Thèse de Doctorat en Chimie, Université
d’Avignon, 2012 (archives ouvertes)